Z Magazine, novembre 2000

Les femmes révolutionnaires afghanes

Par Kathleen Richter

La plupart des Américains sont maintenant conscients des violations atroces des droits de l'homme perpétrées en Afghanistan par le régime ultra fondamentaliste des talibans : l'amputation publique est la sanction pour les vols, l'adultère est puni de mort par lapidation, les femmes et les jeunes filles n'ont pas le droit d'aller à l'école ou au travail, et elles ne peuvent sortir qu'accompagnées d'un parent masculin. Ceux qui ne respectent pas à la lettre la loi des talibans sont battus et torturés systématiquement. Récemment, cependant, des médias célèbres ont réalisé des reportages flatteurs sur les talibans. Par exemple, Time a publié une série d'articles sur les talibans en mai, soulignant la "baisse de la criminalité" en Afghanistan et a insisté sur l'autorisation donnée par les talibans d'ouvrir une école pour les filles de moins de 12 ans à Kaboul. L'Association Révolutionnaire des Femmes Afghanes (RAWA) pro-démocratique et féministe, fondée en 1977, est la seule organisation de femmes afghanes luttant pour les droits des femmes et pour l'établissement d'un gouvernement séculaire et démocratique en Afghanistan. Elle compte environ 2 000 membres, la moitié basés en Afghanistan et l'autre moitié au Pakistan. RAWA dirige des écoles clandestines à la maison pour tous les enfants en Afghanistan et pour ceux réfugiés au Pakistan, ainsi que des cours d'alphabétisation pour les femmes dans les deux pays. RAWA a des équipes sanitaires mobiles en Afghanistan et au Pakistan, mais l'hôpital qu'elle a fait fonctionner pendant 11 ans est sur le point de fermer car elle ne peut plus le financer. RAWA organise également des projets d'insertion pour les femmes afghanes, comme la fabrication de produits artisanaux et la confection de confitures. RAWA fournit aux organisations de défense des droits de l'homme des comptes rendus sur les violations commises par les talibans et par les autres groupes fondamentalistes. L'organisation produit également des cassettes éducatives, organise des nuits de la poésie et de la narration, et publie un magazine trimestriel Payam-e-Zan (Message de femmes).

Mahmooda est devenue membre du comité culturel de RAWA afin de contrer la "barbarie inhumaine et misogyne des fondamentalistes" et afin de soulager "les souffrances de mon peuple infortuné". Elle souligne l'engagement de RAWA dans l'éducation des femmes et des jeunes filles. Ceci, dit-elle, est la manière la plus efficace de faire prendre conscience aux femmes de leurs droits. "Nous nous sommes concentrées sur la prise de conscience des femmes en leur faisant comprendre que notre pays ne sera jamais prospère, pacifique et heureux sans liberté ni démocratie."

Ceci ne peut être obtenu que par la "lutte décidée contre les fanatiques religieux et leurs maîtres étrangers."

Il va sans dire que le combat contre les fondamentalistes est dangereux. En février 1987, Meena, fondatrice de RAWA, a été assassinée à l'âge de 30 ans, chez elle à Quetta, au Pakistan. Deux des membres de sa famille ont aussi été tués. Amnesty International rapporte que les assassins étaient probablement étroitement liés à l'une des factions de moudjahidin. (Les moudjahidin sont les fondamentalistes payés par les USA pour combattre les communistes en Afghanistan et qui ont donné naissance aux talibans). Avant son assassinat, Meena avait été menacéee de mort en raison de ses activités anti-jihad (guerre sainte).

Elle avait alors informé les autorités pakistanaises, mais n'a bénéficié d'aucune protection policière. Les membres de RAWA courent toujours de grands dangers. L'organisation n'a pas de bureau, pour ne pas exposer ses membres à la persécution et les membres déménagent régulièrement. Elles sont constamment menacées et sont parfois taxées d'"organisation de prosituées". Plusieurs sites Internet RAWA contrefaits contenant des images et des textes à caractère pornograhique ont été publiés récemment. (RAWA a dû porter plainte auprès des webmestres pour que ces sites soient supprimés.) Comme Sehar, une jeune membre de RAWA, confiait au New York Times Magazine en mai, les talibans la "tortureraient et la tueraient en la lapidant comme une vulgaire prostituée" s'ils l'arrêtaient en Afghanistan.

Mais, Mehmooda précise que les membres de RAWA ont toujours dû agir clandestinement. "Poursuivre la lutte des tyrans religieux n'a rien de nouveau pour nous", nous dit-elle. "Nous savons comment nous y prendre." Elle ajoute que RAWA fait fonctionner diverses écoles et cours d'alphabétisation à la maison dans plusieurs provinces afghanes, de manière qu'il soit difficile aux talibans de découvrir ces programmes. Même découvertes, les membres de RAWA sauraient faire disparaître toute preuve. Bien sûr, Mehmooda s'empresse de souligner que ceci ne signifie pas qu'elles ne seront jamais découvertes. "Mais, nous sommes déterminées à poursuivre nos efforts. Je suis prête à me dévouer pour ma nation et à accepter les risques encourus par les membres de RAWA."

Tous les autres membres de RAWA partagent cette détermination. Alors que la pluplart de leurs activités sont clandestines, elles vendent leur magazine ouvertement au Pakistan, en courant de grands risques, et manifestent également contre les talibans au Pakistan. Durant ces manifestations, elles sont agressées plus qu'elles ne sont protégées par la police, mais aussi par les talibans. Sehar rapporte au Nation Magazine que, lorsque les assaillants les frappent à coups de bâtons, "Nous en faisons autant. Nous avons aussi des bâtons." Un autre membre de RAWA a récemment caché un caméscope sous sa burqua pour enregistrer la lapidation d'une femme qui avait tenté de quitter l'Afghanistan avec son amant. RAWA a fait parvenir cette cassette aux organisations de défense des droits de l'homme. Si cette femme avait été repérée, elle aurait été torturée et peut-être même exécutée. "

"RAWA est totalement isolée dans sa lutte contre le fondamentalisme islamique," se plaint Mahmooda. Elle dit que les moudjahidin fondamentalistes sont le groupe principal d'opposition aux talibans. Tout comme les talibans, ce sont des "criminels, hostiles aux femmes et à la démocratie et dépendants de puissances étrangères." Le ministre de la défense évincé Ahmed Shah Massuod est à la tête de l'Alliance Nord, autre grande faction luttant contre les talibans. Bien que Massoud soit soutenu par la France, l'Iran, l'Inde et la Russie, RAWA souligne qu'il n'est pas préférable aux talibans. Selon Mahmooda, il existe peu de groupes et de particuliers aux idées démocratiques en Afghanistan, mais la pression exercée par les fondamentalistes et le manque de soutien extérieur les empêchent de jouer un rôle important. De plus, les femmes et les hommes en Afghanistan sont épuisés et désespérés après deux décennies de guerre. Beaucoup n'ont tout simplement pas la force de résister aux talibans. "De nombreux groupes féministes afghans oublient que la situation politique écrase les femmes et capitulent, en quelque sorte, avec les fondamentalistes," explique Mahmooda.

La montée des talibans

L'URSS a envahi l'Afghanistan en 1979 et occupé le pays pendant toutes les années 80. La CIA a payé les moudjahidin (soldats de Dieu) pour purger l'Afghanistan du communisme. Les moudjahidin ont été entraînés par les services de renseignements du Pakistan et financés et armés par les USA, l'Arabie saoudite, l'Egypte, la France, la Grande-Bretagne, Israël, l'Iran, le Japon et la Chine. Les Etats-Unis ont versé 5 milliards de dollars pour soutenir les rebelles pendant les années 80 et ont utilisé Osama bin Laden, alors allié des USA, pour recruter des musulmans étrangers dans les rangs moudjahidin.

RAWA a souligné que les Etats-Unis et les autres pays auraient pu aider plusieurs groupes pro-démocratiques pour chasser les communistes et travailler à la restauration de l'indépendance de l'Afghanistan. Pourquoi ces pays ont-ils choisi de soutenir les moudjahidin fondamentalistes ? Sajeda, membre de RAWA déclarait en août au maganzine "Said It" que les groupes pro-démocratiques auraient refusé de jouer les "marionnettes" d'autres pays et auraient gêné ces pays dans la "défense de leurs intérêts économiques et politiques en Afghanistan".

Lorsque l'Union soviétique a retiré son armée en 1989, les moudjahidin ont commencé à ravager les villes afghanes et à tuer des milliers de civils, sous le commandement du despote Gulbuddin Hekmatyar et toujours avec l'appui financier des USA. Après la chute du régime de paille soviétique en 1992, le pays a dû subir la guerre civile. Des dizaines de milliers de civils perdirent la vie lors d'attaques avec des roquettes. Les moudjahidin ont alors empêché les femmes de travailler et d'assister aux cours d'éducation sanitaire dispensés par des ONG.

Amnesty International a rapporté que des groupes armés battaient, violaient et assassinaient les femmes chez elles. De jeunes femmes furent enlevées pour servir d'épouses aux commandants ou pour être prostituées. Certaines se suicidèrent pour éviter ce destin tragique, comme cette jeune femme qui sauta de son balcon alors que les soldats venaient la kidnapper. En mars 1994, une jeune fille de 15 ans a été violée à de multiples reprises après que son père avait été tué pour avoir autorisé sa fille à aller à l'école. De nombreuses personnes ont été persécutées en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse.

En 1995, les talibans sont apparus. Ils étaient bien armés et bien organisés, ce qui leur a permis de prendre le commandemant des forces de Hekmatyar. Hekmatyar a raconté au New York Times que les services militaires pakistanais s'étaient mis à soutenir les talibans et Time rapportait en 1996 que les soldats pakistanais prisonniers qui s'étaient battus au côté des talibans avaient avoué avoir été entraînés et financés par les services de renseignements pakistanais. En 1995, les USA ont finalement arrêté de financer les moudjahidin, mais Benazir Bhutto, Premier ministre du Pakistan en 1996, rapportait lors d'un entretien avec la BBC que les écoles d'entraînement des talibans au Pakistan avaient été financées par les USA et la Grande-Bretagne.

Mehmooda nous explique la montée des talibans : "Lorsque le Pakistan, l'Arabie saoudite et les USA ont compris que les moudjahidin naïfs étaient incapables d'appliquer leurs plans politiques en Afghanistan, ils les ont remplacés par un nouveau groupe d'ultra-fondamentalistes, en l'occurrence les talibans." Lorsque les talibans ont pris Kaboul en septembre 1996, dit-elle, "leurs maîtres étrangers" ont pensé que des fondamentalistes efficaces avaient remplacé des fondamentalistes inefficaces et qu'un gouvernement fort et malléable défendrait leurs intérêts dans la région." Ainsi, de nombreux pays ont accrû leurs aides financières et militaires aux talibans, "et ont changé l'Afghanistan en un véritable enfer sur terre."

Les violations des droits de l'homme perpétrées par les talibans ont largement été documentées. L'ONU a rapporté qu'en prenant la ville de Mazar-i-Sharif en 1998, les talibans exécutèrent et torturèrent des milliers des civils, la plupart appartenant à l'ethnie minoritaire shiite des Hazaras. Des centaines de personnes ont été entassées dans des containers métalliques où on les a laissées étouffer pendant la "purification ethnique" démentielle.

Entre-temps, les USA ont perdu tout intérêt à la guerre civile. Mais en 1998, les USA ont bombardé l'Afghanistan parce qu'Osama bin Laden y réside et bénéficie de la protection des talibans. L'ancien allier des USA est maintenant accusé d'avoir fomenté les attentats de 1998 contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie. En 1999, les USA ont convaincu l'ONU d'imposer des sanctions économiques à l'Afghanistan en raison du refus des talibans de livrer bin Laden. Les comptes bancaires des talibans à l'étranger ont été gelés, et Ariana, la compagnie aérienne afghane, n'est plus autorisée à voler à l'étranger, si ce n'est lors de certaines missions humanitaires autorisées par l'ONU. Il est peu probable que ces sanctions affectent bin Laden, mais elles sont certainement dévastatrices pour les civils afghans. L'interdiction de vol pour Ariana, par exemple, empêche l'arrivée de la nourriture et des médicaments en Afghanistan.

A l'heure actuelle, les talibans contrôlent 90 pour cent de l'Afghanistan, y compris les villes principales. Le Pakistan, l'Arabie saoudite et les Emirats Arabes Unis ont reconnu les talibans comme "seuls représentants légitimes" du peuple afghan. Les pays voisins fournissent des armes à leurs factions favorites.

L'infrastructure de l'Afghanistan a été anéantie. Le pays est infesté de mines terrestres. Quatre vingt pour cent des civils sont sans emploi et l'opium est le premier produit exporté. En 1999, les Afghans représentaient le plus grand groupe de réfugiés au monde.

L'UNICEF estime à 95% le nombre d'enfants afghans qui ne vont pas à l'école (très peu y ont déjà mis les pieds). La mortalité des femmes en couche est l'une des plus élevées au monde et 96 % des femmes sont analphabètes . Les talibans ont interdit la musique, la télévision, le cinéma, les sports, la danse et le même le cerf-volant.

Les femmes et les jeunes filles ont particulièrement été la cible des talibans et sont devenues pauvres pour la plupart. Avant la guerre civile, l'Afghanistan n'était pas vraiment un modèle d'égalité des sexes, mais le pays se souciait de plus en plus des droits des femmes. Selon Amnesty International, dans les années 60, le gouvernement, sous la direction du Premier ministre Daoud Khan, a rendu le port du voile facultatif et a accordé aux femmes des droits et des devoirs, en particulier le droit de vote. Les femmes et les jeunes filles avaient le droit d'être éduquées. Pendant l'occupation soviétique, l'âge minimum légal du mariage a été relevé, des cours d'alphabétisation ont vu le jour et l'importance de l'éducation a été soulignée. Avant la montée des talibans, les femmes afghanes représentaient 40 pour cent des médecins à Kaboul, 70 pour cent des professeurs, 60 pour cent des professeurs à l'université de Kaboul et 50 pour cent des étudiants. Toutefois, Sehar a bien précisé dans son entretien avec le magazine "Said It" que les Soviétiques n'ont pas amené l'égalité des sexes en Afghanistan. Au lieu de cela, ils ont détenu et torturé des personnes pour leurs opinions politiques et ont essayé de forcer les femmes à s'habiller à l'occidentale, les hommes à se raser la barbe et l'ensemble des citoyens à ne plus prier. "Ils ont rendu la défense des droits de la femme très difficile," raconte Sehar, car lorsque les Afghans entendent parler des droits de la femme, ils pensent à l'Union soviétique et à l'impérialisme.

Aujourd'hui, sous les talibans, les femmes ne peuvent pas travailler hors de chez elles, quitter la maison sans un parent masculin ou porter des chaussures qui font du bruit. Les fenêtres des maisons doivent être peintes en noir pour éviter que les femmes ne soient visibles de l'extérieur. Les femmes doivent porter la burqa, une robe à capuche qui cache le corps et la tête et qui inclut un grillage sur les yeux. Les membres du Service de promotion de la vertu et de la prévention du vice parcourent les rues et agressent celles qui ne respectent pas ces règles. Les femmes "désobéissantes" sont battues et torturées, même pour des infractions minimes comme l'oubli de cacher une cheville sous la burqa. Une femme violée peut facilement être condamnée pour adultère et être exécutée. En raison de l'interdiction pour les femmes de travailler, les veuves de guerre et autres femmes doivent mendier ou se prostituer pour se nourrir elles et leur famille.

Beaucoup de femmes sont mortes des suites de maladies facilement guérissables, car les médecins hommes ne sont pas autorisés à les soigner et car la plupart des femmes médecins ont dû arrêter d'exercer. De même, si une femme ne s'habille pas "correctement" ou oublie d'aller chez le docteur avec un parent masculin, son admission, même aux urgences, peut être refusée. De nombreuses femmes sont devenues dépressives et suicidaires.

Les talibans ont également interdit l'éducation des filles, y compris dans les écoles à la maison sponsorisées par des ONG. Récemment, les talibans ont autorisé un très petit nombre d'écoles à la maison pour les filles à Kaboul. Mais, même ces écoles sont réservées aux filles de moins de 12 ans et leur vocation se limite à l'apprentissage de la lecture du Coran et à son étude.

Pourquoi ce traitement extrêmement dur ? Selon Mehmooda, les talibans ont été "éduqués, nourris et soumis à un lavage de cerveau, de manière à déconsidérer et à mépriser les femmes. Ils sont très fiers d'agir de la sorte comme beaucoup d'autres hommes dans notre société patriarcale." Les talibans sont d'avis que les femmes sont la partie faible de la population, et qu'elles sont faciles "à supprimer et à faire taire sous couvert de religion, de tradition, de morale et de culture." Bien que les femmes, dans leur situation actuelle, ne puissent menacer le régime taliban, "les talibans sentent bien les tendances pro-féministes du monde moderne. Ils prennent donc leurs précautions, avant que le mal ne les assaille."

RAWA et l'Islam

L'Islam est la religion prédominante en Afghanistan, et, comme dans la plupart des pays, les Sunnites constituent la majorité et les Shiites la minorité. Les Sunnites tiennent leur nom de la Sunna, dont la tradition est de rapporter les paroles et les actions de Mahomet, révéré par la plupart des Musulmans, à côté du Coran. Les Sunnites sont d'avis que toute personne pieuse et dévote peut devenir un caliphe (un successeur de Mahomet, à la tête de l'Islam), alors que les Shiites pensent que seuls les descendants de Mahomet du côté de sa fille Fatima peuvent hériter du caliphat. Les Shiites croient aussi que les Imams (descendants de Mahomet) peuvent compléter le Coran et changer les lois et les doctrines.

Mehmooda rapporte que, en plus des Musulmans, il y avait auparavant des "Hindous et des Sikhs jusqu'en 1992, mais qu'ils ont été expulsés d'Afghanistan et assassinés par les fondamentalistes à leur arrivée au pouvoir. Nous tenons beaucoup à leur retour. Les talibans ont également expulsé et persécuté une petite minorité juive, que nous aimerions aussi pouvoir de nouveau accueillir en Afghanistan si elle le souhaite."

A ceux qui pensent que le fondamentalisme islamique fait partie de la culture afghane, et que RAWA impose une vue étrangère et anti-islamique en Afghanistan, Mehmooda rappelle que la "version de l'Islam" des talibans est bien différente de celle de l'Islam qui est pratiqué dans le reste du monde. "Les Occidentaux doivent bien faire la différence entre les Musulmans en général et cette poignée de criminels" poursuit-elle. Les talibans justifient leur cruauté envers les Afghans, surtout envers les femmes, "par la nécessité de purifier l'Afghanistan du mal venant de l'Occident et des infidèles et d'établir un Etat Islamique pur." En d'autres mots, les talibans comme les moudjahidin font un usage pervers de l'Islam, interprètent le Coran selon leurs caprices et leurs intérêts politiques et utilisent la religion pour camoufler leurs crimes odieux. Nos frères musulmans abhorrent les talibans et les moudjahidin, bien que les fondamentalistes se qualifient de "champions de l'Islam."

RAWA pense que la stabilité en Afghanistan ne pourra être restaurée qu'après le désarmement des factions belligérantes. RAWA accueillerait avec soulagement une intervention des forces de paix de l'ONU permettant de désarmer les groupes en guerre, d'imposer des restrictions aux pays qui livrent des armes et envoient de l'argent aux fondamentalistes, et de superviser des élections libres et justes.

RAWA est également favorable au retour du roi, Zahir Shah, qui a dirigé l'Afghanistan pendant 40 ans. RAWA n'est pas particulièrement enthousiasmée par lui, mais espère qu'il pourrait constituer une bonne transition vers la démocratie.

RAWA aimerait que les Etats-Unis fassent un certain nombres de choses pour aider à établir la démocratie et les droits des femmes en Afghanistan. D'abord, selon Mehmooda, les USA "doivent éviter de reconnaître l'une des parties fondamentalistes," même si les talibans acceptent de livrer bin Laden en échange. La cause de la situation actuelle en Afghanistan "n'est pas Osama bin Laden, mais la domination des fondamentalistes de tous bords. S'acharner sur une personne ne résoudra donc pas le problème." Au lieu de cela, les USA "doivent condamner les talibans et les moudjahidin qui sont les pires criminels ayant été au pouvoir en Afghanistan et qui ont engendré de nombreux autres Osama." Les USA doivent faire pression pour que les chefs talibans et moudjahidin soient jugés comme criminels de guerre.

Mehmooda ajoute que tant que les fondamentalistes ne domineront pas l'Afghanistan militairement et politiquement, "la menace de guerre, [et] l'exportation du terrorisme et des drogues ne s'arrêteront jamais." RAWA demande aux USA de soutenir l'interdiction de fournir armes et argent aux talibans et au moudjahidin. Les USA "doivent faire pression sur les pays qui arment et financent les factions fondamentalistes belligérantes." RAWA demande que les USA imposent des sanctions diplomatiques (plutôt qu'économiques) sur les pays qui reconnaissent le régime taliban ou envoient des armes et de l'argent aux fondamentalistes.

RAWA exige que les USA refusent l'asyle à tous les fondamentalistes "dont les mains sont souillées du sang de notre peuple." L'organisation presse également les USA pour qu'ils fournissent une aide urgente aux milliers d'Afghans qui vont mourir à cause du régime fondamentaliste. "Cependant," ajoute Mehmooda, "cette assistance doit être donnée prioritairement aux personnes qui se sont le moins engagées auprès des talibans et des moudjahidin." RAWA demande également l'autorisation d'ouvrir un bureau en Amérique.

Mehmooda souligne que la plupart de ses fonds proviennent de la cotisation de ses membres et des dons de ses sympathisants. RAWA ne bénéficie d'aucune aide gouvernementale ou des ONG, et se trouve dans une situation financière critique."


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