Ahmad Shah Masood : le Janos Savambi de l'Afghanistan
Massoud et la paix en Afghanistan sont incompatibles

Weekend Post,
par J.K. Sufi
6 juin 1999

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Les alliés d'autrefois sont les ennemis d'aujourd'hui. Ce sont des fondamentalistes et des terroristes qui constituent une menace pour le monde civilisé. L'Egypte, qui a été obligée de relâcher des milliers d'Ikhwans fondamentalistes (membres de la fraternité musulmane), pour mener la guerre de l'Occident en Afghanistan, diffuse désormais quotidiennement des images à la TV en provenance d'Afghanistan pour convaincre le public que ses propres éléments fondamentalistes infligeraient le même destin aux Egyptiens s'ils arrivaient au pouvoir. L'Occident récolte des tornades partout dans le monde.

Les deux idéologies opposées se sont affrontées sur tous les terrains. Chaque camp a aidé ses alliés, sans se soucier des souhaits de la population.

En Angola, Janos Savambi menant une guerre brutale et inefficace contre le gouvernement triomphant MPLA, était généreusement aidé par les forces colonialistes qui se permettent maintenant de faire la morale à chaque occasion. C'était un bandit et un terroriste, mais on le présentait comme un combattant de la liberté.

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On trouve partout des équivalents de Janos Savambi. En Afghanistan, Ahmad Shah Masood est un autre Janos Savambi. L'Occident s'en est fait un allié car il considère encore les talibans comme ses ennemis. Et, tout ennemi de leurs ennemis est leur allié, exactement comme Janos Savambi.

Il joue le même rôle en Afghanistan que son homologue angolais. Les contemporains de l'histoire récente de l'Afghanistan témoigneront qu'Ahmad Shah Masood avait déjà l'arme à la main, bien avant l'arrivée du premier communiste au pouvoir en Afghanistan. Sa raison d'être est la guerre.

Il s'épanouit dans la guerre. Il ingère, boit et inhale la guerre. Rien d'autre ne l'intéresse. Il a pris le pouvoir avec les forces communistes de Dostam et Karmal, avant de se retouner contre elles, s'est changé en Moudjahidin, s'est choisi des sous-fifres, a dépouillé Rabbani de ses pouvoirs pour devenir la seule autorité à Kaboul. Toutefois, son comportement n'a en rien changé. Ancien Ministre de la défense et organisateur du mouvement Jamiat-e-Islami, il s'est conduit comme un bandit plus que comme un ministre. La paix n'a a pu s'ancrer, parce qu'il ne l'a pas souhaité. Le régime moudjahidin n'a pas pu se consolider parce que Massud est opposé à toute forme normale de gouvernement. Il a même modifié le parti de Rabbani, après en avoir pris la tête.

Il a fait de Rabbani une marionnette. Alors que l'émergence des talibans n'était pas encore une menace, il a transféré toute l'artillerie lourde, y compris les terribles missiles Scud et Luna, en Panjsher, son bastion, au lieu de les garder pour la défense du pays et de son autorité.

Il savait que son mot d'ordre était de se battre. Quel que soit l'ennemi. L'ennemi, c'est la paix. L'ennemi, c'est la normalité. L'ennemi, c'est la tranquillité. L'ennemi, c'est un gouvernement populaire. Il n'a d'autre vision que la guerre. Parler de paix le met mal à l'aise. Il trouve toujours un moyen de se sortir du "dilemne de la paix".

La paix entraîne des responsabilités et des obligations. Ses proches collaborateurs peuvent témoigner qu'il est incompatible avec la paix en Afghanistan. Alors qu'il était provisoirement loin des combats à Kaboul, il concoctait des plans pour réaliser des actes de terrorisme contre des personnes qu'il considérait comme des opposants potentiels ou réels. Il ne s'intéressait pas de savoir à quel camp ses ennemis appartenaient. Il ne vit que pour les guerres et les crises.

Son histoire montre qu'il a été opposé à tous ses alliés et à tous ses ennemis à un moment ou un autre. Il s'est battu contre les chiites Hizb-e-Wahdat. Ce sont maintenant ses alliés. Il s'est battu contre Hekmatyar. C'est maintenant son allié. Il s'est allié à Dostam et Karmal pour renverser Najib, avant de se retourner contre eux.

Ce sont maintenant de nouveau ses alliés. Il a fait la paix avec les talibans et les a invités à Kaboul alors qu'il était tout-puissant en 1996, puis les a trahis. Il n'a même pas épargné Rabbani, a combattu et désarmé ses puissants chefs, comme Anwar Dangar. Il a fait prisonnier Najib dans une enceinte de l'ONU et à ordonné à ses hommes de le tuer, avant son retrait de Kaboul. Bien que la faute est ensuite été reportée sur les talibans, Masud a prétendu compatir avec les sympathisants de Najib et a versé des larmes de crocodile. Comme s'il ne l'avait jamais eu en détention.

Bien avant les premiers signes de retrait des Soviétiques en Afghanistan, au début des années 80, alors que Babrak Karmal était au pouvoir, il avait fait la paix avec les Soviétiques, signé des protocoles et s'était mis à combattre d'autres forces. Pourtant, l'Occident le qualifie de 'lion du Panjsher' et de sage stratège. Il a mis à sac le musée de Kaboul et vendu ses trésors, quand il était au pouvoir à Kaboul.

Il a volé toutes les pièces en émeraudes et lapis lazuli d'Afghanistan pour les vendre sur les marchés occidentaux et s'en mettre plein les poches. Ces magouilles l'occupe toujours. Il a volé des tonnes d'or dans l'Arg et a pillé les banques.

Il imprime des billets avec l'aide de ses amis russes et les change en dollars pour financer sa guerre. Il convie même des personnages douteux de la mafia internationale et leur demande des armes chimiques.

Des forces cultivées sont d'avis qu'aucune paix ni tranquillité n'est possible tant que Masood a une quelconque influence en Afghanistan.

Même si les talibans régissent tout l'Afghanistan ou si quelqu'un d'autre obtient l'autorité sur tout le pays, Masood combattera toujours pour une montagne ou un vallon. Il faut qu'il se batte. La guerre est sa raison de vivre et il ne sait rien faire d'autre. C'est le Janos Savambi de l'Afghanistan. Malheureusement, ce pays infortuné doit faire face à d'innombrables personnages du même acabit.



La différence entre les talibans et les fondamentalistes moudjahidin



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